Les abris de cantonniers de Seraincourt

 

1- Les abris de cantonniers de Seraincourt

Les abris de cantonniers ont été bâtis vers la fin du XIXème siècle alors que les routes n’étaient alors que des chemins de pierres nécessitant de nombreuses réparations.
Ils sont construits en pierres calcaires et enduits au mortier de chaux. Le toit est voûté à la manière des voûtes de fours et recouvert de terre.
Ces abris étaient destinés à entreposer de façon temporaire les outils du cantonnier et à se protéger des intempéries, ils étaient implantées de loin en loin le long des routes départementales et ils permettaient au cantonnier de faire suivre ses outils au gré de ses déplacements.

Sur la route départementale qui traverse notre village, il y en a 2, l’un à l’entrée sud (voir la photo) l’autre au nord du bourg en direction de Frémainville, les 2 sont à l’état d’abandon. Il y en avait un 3ème sur la route de Frémainville, là où passe l’oléoduc, il a été détruit après des travaux sur le talus, il y a quelques années de cela.

Ces abris appartiennent au département il serait possible de nous les rétrocéder et d’obtenir une subvention du PNR du Vexin français pour les restaurer et les mettre en valeur, une simple porte en bois, un rafraîchissement de l’enduit et un massif fleuri redonnerait vie à ce petit patrimoine.

2- Le métier de cantonnier au XIX siècle

Il y a bien longtemps, l’entretien des chemins et des routes faisait partie de la corvée obligatoire que devaient les serfs à leur seigneur.

En 1764, les voies furent découpées en cantons (du provençal canton qui signifiait côté, coin), zone allant d’un point à un autre. C’est l’ingénieur des Ponts-et-Chaussées Pierre Marie Jérôme Trésaguet (né à Nevers) qui mit au point le premier programme national de construction et d’entretien des routes.

C’est sous Napoléon Ier, qui s’impatientant de ne pas avoir de belles voies de circulation en France, que le corps des cantonniers fut créé.

Les cantonniers devaient suivre un règlement parût en 1835, Il stipule que le cantonnier devait:

– assurer l’écoulement des eaux au moyen du curage des cassis, gargouilles, arceaux, et de petites saignées.

casser les glaces de la chaussée, les enlever et répandre du sable et des gravats, notamment dans les côtes et les tournants brusques.

– veiller à la conservation des bornes kilométriques et des poteaux indicateurs.

casser aussi les glaces des fossés et les enlever dans les endroits où elles s’accumulent de manière à faire craindre l’inondation de la voie lors du dégel…

Jusqu’à la première guerre mondiale, les automobilistes ne se bousculaient pas sur les chemins des nos villages. Le cantonnier transportait ses outils dans une brouette, qu’il garait au bord du talus tant que durait son ouvrage de réfection ou les entreposait dans des abris au bord des routes.

Son matériel se composait d’une brouette, d’une pelle en fer, d’une pelle en bois, d’un pic-pioche, d’un rabot de fer, d’un rabot de bois, d’un râteau, d’une pince, d’une masse et d’un cordeau, d’un balai. Concernant les abris de cantonniers de notre village, dotés d’une cheminée, leur servaient d’abris contre les intempéries.

Selon la saison, il balayait les mottes laissées par les charrues, étalait les gravillons dans les « nids de poule » ou curait les fossés en prévision des pluies. L’herbe des accotements était laissée aux paysannes, qui la fauchaient pour leurs lapins ou y attachaient leurs chèvres.

Les pierres étaient fournies par les paysans, comme pendant les corvées du Moyen Age. Les trous rebouchés, le cantonnier tassait les reprises en roulant dessus un cylindre à avoine; le cheval était prêté par un paysan complaisant. Des abris, maçonnées ou en pierres sèches, construits çà et là sur l’accotement, permettaient aux cantonniers de s’abriter des intempéries et, la journée terminée, de ranger les outils qu’ils n’auraient pas, de la sorte, à rapporter le lendemain.

Les ordres qu’exécutait le cantonnier émanaient d’un supérieur hiérarchique et d’un ingénieur. C’était à bicyclette que le cantonnier-chef faisait son inspection. ce métier était non seulement un exercice très éprouvant, très mal payé, mais c’était aussi un métier de solitaire.

En revanche, l’entretien des chemins vicinaux relevait des municipalités qui avaient leurs propres agents.

4- Uniforme et signes distinctifs

Le chapeau

En 1791, on reconnaissait le cantonnier à la plaque de cuivre, gravée d’une fleur de lys, qu’il portait sur son bonnet ou son chapeau. La fleur de lys a été supprimée en septembre 1793.

Dans le règlement de 1811, le chapeau du cantonnier était normé. Il devait y avoir autour de la forme du chapeau une bande de cuivre de 28 cm de longueur, et de 5,5 cm de largeur, sur laquelle est écrit en découpure le mot cantonnier.

Le guidon (signal)

Il est remis, en outre, à chaque cantonnier un signal ou guidon, qui, planté sur le chemin, à moins de 100 mètres de distance de l’endroit où travaille le cantonnier, permet de signaler sa présence. Ce guidon est formé d’un jalon de 2 mètres de longueur, divisé en décimètres, ferré par le bas et garni par le haut d’une plaque en forte tôle de 24 cm de largeur et de 16 cm de hauteur, sur chacune des faces de laquelle sera indiqué, en chiffres de 8 cm de hauteur, le n° du canton.

Le costume

Le costume du cantonnier était fait d’un gilet-veste de drap bleu et pantalon de même, large et descendant jusque sur le cou-de-pied, en été, le pantalon était de toile blanche. Les jours ouvrables, le cantonnier devait porter constamment un tablier de cuir qui lui descendait jusqu’aux genoux.

Dans le cas où le stationnaire ne pouvait se procurer l’uniforme obligatoire, une retenue sur salaire était faite, jusqu’au paiement intégral des habits et coiffure. Les frais d’habillement n’étaient jamais avancés, comme pour les outils, les vêtements étaient livrés après paiement. Les agents de petite catégorie n’avaient pas la chance des ingénieurs qui recevaient gratuitement un uniforme et des chaussures.

En 1882, il est dit que le cantonnier-chef porte un brassard au bras gauche.

Sources: wikipedia